« Tenez Platt, j’espère qu’il nous égayera longtemps ».
C’est
ce que le premier maître de l’esclave Platt, lui a annoncé en lui tendant le
violon qui lui a offert.
L’esclave
Platt est en en fait, Solomon Northup, un citoyen noir américain libre et
violoniste de son état.
Dupé
par des escrocs, il est vendu pas des négriers. Suite à cela, privé de ses
papiers, il se retrouve esclave et envoyé avec d’autres infortunés au Sud des
Etats-Unis.
Là,
l’esclavage bat son plein, aucune loi ne défend les noirs qu’ils soient
esclaves ou pas.
Tout
le long de ce périple, nous assistons à l’histoire de cet homme devenu esclave.
C’est
là toute la particularité du film, il devient esclave, adulte. Le spectateur
est donc amené à s’approprier le point de vue de Platt et à découvrir avec lui
l’horreur de la vie des esclaves noirs américains.
Elle
est faite de fouet, de dur labeur, de rapports maîtres-esclaves et
d’humiliation.
Il
n’y a même aucun mot pour décrire l’enfer qui se déroule sous nos yeux. Ce
qu’on nous montre est incroyablement dur et triste. On finit par se dire que
Platt ne s’en sortira jamais, qu’il vaut mieux qu’il oublie sa famille, sa
dignité.
Il
doit laisser tomber, se laisser aller à cette vie de violence et d’humiliation.
Pour rester sur cette Terre le plus longtemps possible, il faut endurer et
courber l’échine. Bander les muscles lorsque les coups de fouets pleuvent.
Répondre « oui, maître » du matin au soir, comme si c’était une
prière quotidienne.
On
sait que ces noirs-là, ces esclaves vont mourir ici. Que personne ne va les
libérer et que la fin de l’esclavage ne surviendra que des années plus tard. Il
vaut mieux laisser faire et profiter des petits moments de joie que lui procure
désormais cette vie.
Comme
le violon. A son arrivée, Platt, pensait pouvoir se défendre en révélant sa
véritable identité. Il pensait s’affranchir de l’esclavage, en criant "je
suis un citoyen libre!" Il pensait qu’en souriant et en montrant
toute sa docilité il parviendrait à obtenir un geste de son maître. Oui, il y
parvient. On lui offre un violon en récompense de ses bons et loyaux services.
Et on lui souhaite d’en jouer autant qu'il pourra afin qu’il
égaye le plus longtemps possible la maison de son maître.
Platt
comprend alors, qu’il n’y a aucun moyen pour lui de retrouver sa vie d’avant.
On ne lui rendra jamais sa liberté. Et c’est mieux ainsi.
Et
voilà que l’on fait la connaissance de Patsey. Cette jolie jeune femme noire
esclave, est dans la plantation du maître Epps. Elle y est depuis des années ou
sûrement depuis sa naissance. Elle est la preuve de tout se qu’ont enduré les
esclaves. Là où on grinçait des dents pour Platt, on pleure pour elle. Là où on
avait peur pour Platt, on panique pour elle. Là où on se désolait pour Platt,
on perd tout espoir pour elle. Elle cristallise toute notre attention et toute
l’attention de son maître aussi. Sur elle seront déversés tous les abus, les
duretés, les insultes, les brimades et autres injustices.Victime de la passion
folle et abusive que son maître a pour elle,elle a envie de mourir et on
voudrait mourir aussi, tellement ce spectacle est insoutenable.
Nos
deux héros, couple insolite car il n’en est pas un, nous plongent tous deux
dans cet abîme du mal. Et ils nous disent « Voilà ce que les hommes sont
capables de faire à d’autres hommes. »
Ce
film laisse un goût de sang dans la bouche. Il nous déprime et nous fatigue. Il
nous interpelle et crée en nous un désir de rébellion.
Il
est magnifiquement interprété par tous les acteurs. Et c’est vraiment un coup
de cœur en ce début d’année. Il est unanimement récompensé par les critiques et
je suis d’accord avec cela.
Quand
un film se permet de faire battre mon cœur et d’occuper mes pensées pendant des
jours, alors oui, je peux affirmer encore plus haut et encore plus fort que
d’habitude, que j’aime le cinéma.
Merci!! je vais aller le voir, et j'espère pas me crisper trop sur les scènes de violence
RépondreSupprimerTiens moi au courant...
RépondreSupprimermouais... moi je sais pas... Il m'a aussi laissé un goût de sang et de l'angoisse pour plusieurs jours... les images des dos restent en mémoire... Mais justement, Est-ce autre chose qu'efficace ? En sortant de la séance avec Nat, je lui ai prêté 2-3 livres de Tony Morrison. Elle sait montrer l'horreur et le traumatisme. Ce film, je ne sais pas... M'en souviendrais-je ? Moi j'aurais aimé qu'il commence à la fin, quand Solomon rentre chez lui. Comment a-t-il fait après ?
RépondreSupprimerIl est vrai que nous monter "l' après" de cette malheureuse et épouvantable histoire aurait été un choix judicieux et audacieux. Ils ne sont pas nombreux à être rentrés chez eux après toute une vie d'esclave!
RépondreSupprimerMoi c'est le sort de Patsey que j'aurai aimé connaître...ou pas, finalement. Trop douloureux.