lundi 3 février 2014

12 years a slave



« Tenez Platt, j’espère qu’il nous égayera longtemps ».
C’est ce que le premier maître de l’esclave Platt, lui a annoncé en lui tendant le violon qui lui a offert.
L’esclave Platt est en en fait, Solomon Northup, un citoyen noir américain libre et violoniste de son état.
Dupé par des escrocs, il est vendu pas des négriers. Suite à cela, privé de ses papiers, il se retrouve esclave et envoyé avec d’autres infortunés au Sud des Etats-Unis.
Là, l’esclavage bat son plein, aucune loi ne défend les noirs qu’ils soient esclaves ou pas.
Tout le long de ce périple, nous assistons à l’histoire de cet homme devenu esclave.
C’est là toute la particularité du film, il devient esclave, adulte. Le spectateur est donc amené à s’approprier le point de vue de Platt et à découvrir avec lui l’horreur de la vie des esclaves noirs américains.
Elle est faite de fouet, de dur labeur, de rapports maîtres-esclaves et d’humiliation.
Il n’y a même aucun mot pour décrire l’enfer qui se déroule sous nos yeux. Ce qu’on nous montre est incroyablement dur et triste. On finit par se dire que Platt ne s’en sortira jamais, qu’il vaut mieux qu’il oublie sa famille, sa dignité. 
Il doit laisser tomber, se laisser aller à cette vie de violence et d’humiliation. Pour rester sur cette Terre le plus longtemps possible, il faut endurer et courber l’échine. Bander les muscles lorsque les coups de fouets pleuvent. Répondre « oui, maître »  du matin au soir, comme si c’était une prière quotidienne.
On sait que ces noirs-là, ces esclaves vont mourir ici. Que personne ne va les libérer et que la fin de l’esclavage ne surviendra que des années plus tard. Il vaut mieux laisser faire et profiter des petits moments de joie que lui procure désormais cette vie.
Comme le violon. A son arrivée, Platt, pensait pouvoir se défendre en révélant sa véritable identité. Il pensait s’affranchir de l’esclavage, en criant "je suis un citoyen libre!" Il pensait qu’en souriant et en montrant toute sa docilité il parviendrait à obtenir un geste de son maître. Oui, il y parvient. On lui offre un violon en récompense de ses bons et loyaux services. Et on lui souhaite d’en jouer autant qu'il pourra afin qu’il égaye le plus longtemps possible la maison de son maître.
Platt comprend alors, qu’il n’y a aucun moyen pour lui de retrouver sa vie d’avant. On ne lui rendra jamais sa liberté. Et c’est mieux ainsi.
Et voilà que l’on fait la connaissance de Patsey. Cette jolie jeune femme noire esclave, est dans la plantation du maître Epps. Elle y est depuis des années ou sûrement depuis sa naissance. Elle est la preuve de tout se qu’ont enduré les esclaves. Là où on grinçait des dents pour Platt, on pleure pour elle. Là où on avait peur pour Platt, on panique pour elle. Là où on se désolait pour Platt, on perd tout espoir pour elle. Elle cristallise toute notre attention et toute l’attention de son maître aussi. Sur elle seront déversés tous les abus, les duretés, les insultes, les brimades et autres injustices.Victime de la passion folle et abusive que son maître a pour elle,elle a envie de mourir et on voudrait mourir aussi, tellement ce spectacle est insoutenable.
Nos deux héros, couple insolite car il n’en est pas un, nous plongent tous deux dans cet abîme du mal. Et ils nous disent « Voilà ce que les hommes sont capables de faire à d’autres hommes. »

Ce film laisse un goût de sang dans la bouche. Il nous déprime et nous fatigue. Il nous interpelle et crée en nous un désir de rébellion.
Il est magnifiquement interprété par tous les acteurs. Et c’est vraiment un coup de cœur en ce début d’année. Il est unanimement récompensé par les critiques et je suis d’accord avec cela.

Quand un film se permet de faire battre mon cœur et d’occuper mes pensées pendant des jours, alors oui, je peux affirmer encore plus haut et encore plus fort que d’habitude, que j’aime le cinéma.

4 commentaires:

  1. Merci!! je vais aller le voir, et j'espère pas me crisper trop sur les scènes de violence

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  2. mouais... moi je sais pas... Il m'a aussi laissé un goût de sang et de l'angoisse pour plusieurs jours... les images des dos restent en mémoire... Mais justement, Est-ce autre chose qu'efficace ? En sortant de la séance avec Nat, je lui ai prêté 2-3 livres de Tony Morrison. Elle sait montrer l'horreur et le traumatisme. Ce film, je ne sais pas... M'en souviendrais-je ? Moi j'aurais aimé qu'il commence à la fin, quand Solomon rentre chez lui. Comment a-t-il fait après ?

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  3. Il est vrai que nous monter "l' après" de cette malheureuse et épouvantable histoire aurait été un choix judicieux et audacieux. Ils ne sont pas nombreux à être rentrés chez eux après toute une vie d'esclave!
    Moi c'est le sort de Patsey que j'aurai aimé connaître...ou pas, finalement. Trop douloureux.

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